Exposition Paul Tourenne

du 22 octobre au 10 décembre 2015

BERLIN EST 1967Né en 1923 à Paris, Paul Tourenne est passé à la postérité comme soliste des Frères Jacques. Parallèlement à sa longue carrière de chanteur – près de quarante ans à l’affiche en France et dans le monde -, il a pu assouvir, en amateur, une autre passion où il a affirmé un talent des plus originaux : la photographie. L’intérêt de Paul Tourenne pour la photographie remonte à loin.

Enfant déjà. Il était fasciné par l’image. En sortant de l’école, il se précipitait dans les agences de voyage pour y demander des prospectus et étant toujours plongé dans les magazines découpant des photos pour les coller sur des cahiers. Ayant commencé à travailler à quinze ans dans les services de la taxe radiophonique, Paul Tourenne s’y ennuyait. Il suit ensuite une formation de moniteur de colonies de vacances.

Sa première colo, Paul Tourenne la fera avec Alain Saint Ogan, le créateur de Zig et Puce, l’une des premières bandes dessinées. Pour ce qui est de la photo, tout est parti de ce jour où, baladant des enfants dans les rues de Dives-sur-Mer, entre Houlgate et Cabourg, il remarque dans une vitrine un joli 6 x 9 Lumière à soufflet, un appareil coûteux pour l’époque, néanmoins il l’achète avec son premier salaire de moniteur. Sur la lancée, il acquiert des livres sur la photo et se met à mitrailler. Ah il en a gâché de la pellicule !, développant lui-même ses photos sur du papier citrate exposé au soleil et fixé dans un bain d’hyposulfite. À la fin de la guerre, Paul Tourenne fait la connaissance, à Paris, de quatre frères photographes professionnels, les Thomas d’Hoste. Ces gars, des fonceurs, l’ont littéralement dynamisé.

Les clichés au format 6 x 9 revenant trop cher, il passe au Rolleiftex 6 x 6 avec lequel il décroche un quatrième prix au concours organisé par la firme pour ses vingt-cinq ans. Ce succès l’encourage. Il se met au 24 x 36 d’abord avec un Retina 2 pour en arriver, fortement conseillé par Pierre Duverger, au Leica auquel il reste fidèle. Grâce à la facilité d’utilisation de ce dernier, il a pu s’adonner à sa frénésie de prises de vues notamment au cours des nombreuses tournées des Frères Jacques dans le monde, pendant les voyages et entre les spectacles.

Les grands photographes qui l’ont influencé : tous les grands dans leurs diverses conceptions de la prise de vue, à commencer par Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Willy Ronis, Edouard Boubat, André Kertész…

Très éclectique dans ses sujets, Paul Tourenne peut être inspiré par un personnage, un paysage, une architecture, une scène de rue, ou tout simplement la lumière. La lumière… surtout la lumière… C’est du reste lui qui, du temps des Frères Jacques, réglait les lumières des spectacles. Cela dit, il affectionne certains thèmes : la texture des sols, les affiches en strates déchirées, les graffitis superposés, les effets de miroir sur des mannequins de vitrine, les formes étranges de certains bois flottés… Il n’a pas de conception particulière en matière de photo,  ni de « philosophie » ; fonctionnant à l’instinct il se laisse guider par l’insolite, l’inattendu, l’humour et la poésie. La photo fut et reste toujours sa passion. Il l’aime en véritable amateur. Son vieil ami. Fred Mella (1), passionné de photographie, lui aussi, a coutume de dire qu’ils sont des « amacœurs ». Ça les résume parfaitement.

Michel Felet.

( 1 ) Fred Mella fut son alter ego chez les Compagnons de la Chanson.
Chose amusante, le soliste des Quatre Barbus, leur ami Pierre Jamel, aujourd’hui
disparu, était lui aussi féru de photographie. Remarqués pour leur travail par la Fondation Nationale de la Photographie, ils exposent tous les trois, ensemble, depuis 1990, sous le titre « Trio pour une expo » exposition gérée par la Mairie de Lyon.

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